Le pays des dons
- elmano endara joseph
- il y a 3 heures
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Par Elmano Endara JOSEPH

Encore un don. Encore des photos. Des poignées de main. Des sourires figés devant des caisses d’équipements flambant neufs. Cette fois, 500 matériels anti-émeute, gracieusement offerts par le gouvernement canadien. Le geste, sans doute, part d’un bon sentiment. Mais combien de fois a-t-on vu ce même scénario se répéter, sans que rien ne change au fond ?
Depuis vingt ans, la Police nationale d’Haïti vit au rythme de donations étrangères. Des blindés américains. Des formations et uniformes français. Des gilets pare-balles canadiens. Des casques et matraques venus de partout. Les partenaires internationaux, toujours prompts à se montrer généreux, livrent du matériel comme on panse une plaie béante avec un simple pansement kamoken.
Cependant, la réalité reste brutale et cannibale voire cannibale sinon grenn sonnen. Les gangs contrôlent la capitale. La peur dicte la loi. La PNH, malgré les dons successifs, reste sous-équipée, démotivée, souvent infiltrée. On ne bâtit pas une institution avec des dons Messieurs. On la construit avec une vision, une stratégie, une discipline, et surtout une volonté politique que les gouvernements haïtiens ont trop souvent sacrifiée sur l’autel du clientélisme communautaire.
Le Canada, la France, les États-Unis ont déjà donné — et redonné. Mille fois sur dix. Mais sans réforme profonde, sans contrôle de fonds, sans renforcement humain et moral, ces dons finiront comme les précédents : usés, perdus, vendus, ou entreposés dans l’oubli.
Haïti ne manque pas d’amis. Elle manque d’État. Et dans ce pays des dons, la sécurité, elle, reste un luxe que même la générosité étrangère ne parvient plus à acheter.







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