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L’Université qui flotte sans port


       L’Université d’État d’Haïti tient debout comme une vieille barque. Elle flotte, oui. Mais l’eau monte. Les murs s’effritent, les toits fuient, les âmes s’usent. Sur 2,8 milliards de gourdes, 93 % servent à maintenir la coque. À écoper, sans jamais ramer. Il reste 7 % pour bâtir, rêver, imaginer demain. Alors que nous reste véritablement d'espérer à l'essor des docteurs comme gouvernail ?


       Deux mille cent cinq employés vivent de cette enveloppe. Un million trois cent mille gourdes par tête, par an. De quoi subsister ? Pas de quoi créer. L’université fonctionne, mais ne se transforme pas. Elle paie pour durer, non pour grandir. Le savoir se sédimente dans la paperasse. La recherche se tait, faute de souffle. Les bureaux restent allumés ; les laboratoires s’éteignent. Les espaces de cours sont abandonnés. Où sont les maîtres et les étudiants ?


        Ce qui fait que l’État regarde ailleurs. Il parle de réforme, mais finance l’immobilisme. Il rêve de modernité, mais entretient la décrépitude. Une Université sans locaux stables, sans espaces sûrs, sans vision abrite des têtes brillantes… sous des plafonds qui tombent.


      L’Université d’État n’est plus une institution. C'est une métaphore. Celle d’un pays qui répare les soif de corbillard au lieu de construire. Qui se souvient, mais n’anticipe plus. Chaque rentrée ressemble à une survie ; chaque diplôme, à un miracle.


      À force de tourner en rond, même le savoir finit par perdre la mémoire. Et Haïti perd son cap.


Elmano Endara JOSEPH


 
 
 

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