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Vers la course contre la honte : un décret électoral dans le chaos

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Par : Elmano Endara JOSEPH


Pendant que 4,5 millions d’Haïtiens croupissent dans des camps de déplacés, le Conseil Électoral Provisoire (CEP) s’empresse de dérouler son agenda électoral. Une fuite en avant institutionnelle, déconnectée de la réalité nationale.


Haïti s’enlise. Les camps débordent. La faim ronge. La peur règne. Pourtant, le Conseil Électoral Provisoire (KEP) s’empresse de sortir de ses tiroirs un volumineux décret électoral de 103 pages, fort de plus de 400 articles. Une mécanique froide, administrative, presque cynique, dans un pays où l’ordre n’est plus qu’un souvenir et la dignité, un luxe perdu.


Le texte, mis en consultation jusqu’au 10 novembre 2025, promet la modernité : vote de la diaspora, quotas féminins, rabais pour doctorats et handicaps. Une belle façade. Mais derrière cette rhétorique progressiste, le vide abyssal du contexte : aucun cadre sécuritaire, aucune relance économique, aucune réhabilitation institutionnelle. Pendant que les gangs règnent sur la capitale, le KEP semble régner sur l’irréel.


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Sous les pas synthétique de l'article 6 l'on retient que « le Conseil supervise le vote sur tout le territoire — et dans la diaspora ». Mais quel territoire ? Celui morcelé par les armes, où l’État ne circule plus ? À cela s'ajoute l'article 93 : trois sénateurs par département, selon le nombre de voix. Une belle arithmétique pour une République qui n’a plus de boussole. Ni de territoire safe.


Le décret parle d’inclusion, de parité, de justice électorale. De l'article 138 jusqu'à l'article 140 : au moins 30 % de candidates, avec financement bonifié pour les partis dépassant 50 % de femmes. Mais comment prôner la parité quand les femmes, dans les camps, survivent dans la promiscuité, sans eau, sans sécurité ?


Le KEP veut rassembler les élites autour de la démocratie formelle, pendant que la moitié du pays erre sans papiers, sans toit, sans horizon. Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), censé restaurer l’ordre avant toute échéance électorale, demeure lui-même paralysé par ses querelles intestines.


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Haïti ne vit pas une transition, mais une dislocation. Les urnes ne suffiront pas à cimenter les ruines de la criminalité. Il ne s’agit pas de préparer un scrutin, mais de reconstruire un pays, rétablir la sécurité. La précipitation du KEP ressemble à une mascarade bureaucratique, une course contre la honte. Avant les bulletins, il faut des routes messieurs dames, les enfants doivent retourner à l'école, les malere malerèz doivent retourner chez eux mesyedàm. Avant les urnes, des écoles. Avant les élections, la paix SVP !


La démocratie ne se décrète pas — elle se reconstruit, dans la dignité retrouvée des citoyens, citoyennes.

 
 
 

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