Tanzanie : Le sang derrière les urnes « de 800 à 2 000 morts en trois jours »
- elmano endara joseph
- il y a 19 minutes
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Entre le silence imposé par un régime et les cris étouffés d’une nation, la Tanzanie s’éveille dans la stupeur. De 800 à 2 000 morts en trois jours. Trois jours de feu, de peur et d’ombre, au nom d’une élection déjà écrite. L’ONU demande justice. Le peuple, lui, réclame juste le droit d’exister.
Les urnes ont parlé. Mais c’est le sang qui a répondu. En Tanzanie, le scrutin présidentiel du 29 octobre 2025 devait être une fête démocratique. Il s’est transformé en tragédie nationale. Selon plusieurs sources humanitaires et diplomatiques, entre 800 et 2 000 personnes ont été tuées en trois jours, dans une répression d’une brutalité inédite.
La présidente sortante, Samia Suluhu Hassan, a été réélue avec un score officiel de 97 % des voix. Une victoire écrasante, presque irréelle, obtenue après l’exclusion des deux principaux candidats de l’opposition.

Dans les rues de Dar es Salaam, d’Arusha et de Mwanza, la colère s’est mêlée à la peur. Des milliers de citoyens, privés de leur choix, sont descendus dans la rue pour crier leur indignation. Le gouvernement a répondu par le feu. Les forces anti-émeutes ont tiré à balles réelles. Les hôpitaux, débordés, ont fermé leurs portes par crainte de représailles.
À la frontière de Namanga One-Post, entre le Kenya et la Tanzanie, l’affiche de campagne de la présidente, lacérée, pend au vent. À ses pieds, un policier casqué, impassible, surveille le silence. Tout autour, les traces des affrontements : pierres, douilles, sang séché. Une image qui dit tout d’un pays à genoux.
Lundi 3 novembre, les Tanzaniens ont reçu un SMS. Quelques mots, froids comme un verdict :
« Évitez de partager des vidéos ou photos qui encourageraient le chaos… Cela serait considéré comme une action criminelle. »

Internet venait à peine d’être rétabli après cinq jours de coupure totale. Le temps, sans doute, de museler la douleur, d’effacer les preuves, de redessiner le récit officiel. Mais la 4G revenue a libéré des images qu’aucune censure ne pourra contenir. Des vidéos de rues jonchées de corps. Des cris. Des blessés.
Sur l’une d’elles, un homme gît, le tee-shirt blanc trempé de rouge. Deux mains essaient de le relever. Une voix crie : « Il revient ! » Puis la panique, la fuite, la solitude d’un corps abandonné.
L’Organisation des Nations unies réclame une « enquête minutieuse et impartiale ». Mais à Dodoma, le pouvoir garde le silence. La présidente Samia Suluhu Hassan n’a toujours pas réagi publiquement. Son gouvernement, lui, parle de « fausses informations propagées par des agents étrangers ».

Dans les ruelles encore fumantes, un vieil homme résume la douleur de tout un peuple :
« Ils nous ont volé notre voix. Maintenant, ils nous volent nos morts. »
L’Histoire retiendra peut-être cette élection comme celle de tous les records : 97 % de votes, 0 % de confiance, et des milliers de vies réduites au silence. La Tanzanie, hier modèle de stabilité, regarde aujourd’hui son reflet dans le sang de ses enfants.
Elmano Endara JOSEPH







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