
Qui défend la République face aux convoitises économiques et politiques?
- Jean Jul Désauguste
- 14 oct.
- 3 min de lecture
Dans un pays où l’État est souvent la proie des intérêts privés, peu d’hommes osent s’opposer au système. Beaucoup trop de gens acceptent les arrangements et les compromis au détriment de la nation. L’infime minorité qui fait le choix de la rigueur et de la transparence dans la conduite de la chose publique dérange et se retrouve à face d’immenses railleries.
Au sein du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), un ou deux CP, parmi lesquels Fritz Alphonse Jean, ose opposer un refus catégorique à plusieurs contrats controversés. On se rappelle notamment de l’opposition à l’accord entre l’État haïtien et une société étrangère qui visait le contrôle des douanes pour une durée de 10 ans. Ce type de contrat représente une véritable hypothèque sur l’avenir du pays. Les 2 CPs ont défendu avec force l’idée que l’État doit conserver le contrôle de ses ressources, car céder ce pouvoir revient à compromettre sa souveraineté.
Il en est de même pour le contrat accordé à Caribbean Port Service (CPS) signé en marge de tout cadre légal, et le monopole octroyé à Sunrise. Ces projets favorisent des intérêts privés au détriment de la concurrence et de l’économie nationale. La vision doit être claire pour tous : Haïti doit rester « open for business », sans céder ses actifs stratégiques à ceux qui chercheraient à en tirer un profit exclusif.
Au-delà des refus et des dénonciations, certains membres, malheureusement minoritaires, du CPT ont cherché à bâtir des mécanismes durables de transparence institutionnelle. Parmi les initiatives marquantes figure la mise en place d’un système d’interconnexion entre la Direction Générale des Impôts (DGI) et l’Administration Générale des Douanes, conçue pour harmoniser les données fiscales et douanières. Ce dispositif vise à consolider la fiabilité des états financiers et à lutter contre les manipulations comptables _ces pratiques qui, depuis des décennies, faussent les équilibres économiques : bilans sous-évalués pour échapper à l’impôt, surévalués pour séduire les banques, et maquillés pour satisfaire les exigences de partenaires internationaux. En introduisant un tel outil, l’État amorce une réorganisation technique et morale de ses finances publiques.
Sur le plan sécuritaire, une orientation nouvelle a également été proposée : celle d’un budget exceptionnel ou si vous voulez, d’un budget de guerre, destiné à redonner à la Police nationale et aux Forces armées d’Haïti la capacité à remplir leurs missions régaliennes. Il s’agissait de rétablir la chaîne d’autorité, de réaffirmer la souveraineté et de replacer la sécurité publique au cœur de la stabilité nationale. Mais, comme souvent, la résistance interne et les jeux d’intérêts ont ralenti la mise en œuvre de cette vision. Au contraire, moins de 15% des prévisions d’investissement ont pu être exécutées, révélant l’ampleur des blocages au sein même de l’appareil étatique.
Cette bataille pour l’intégrité administrative et la souveraineté institutionnelle ne se limite pas à une question de posture individuelle. Elle traduit un choix de société : celui de refuser que la gouvernance devienne un simple instrument de transaction au profit de quelques-uns. Défendre les institutions, c’est défendre la République, et refuser que la Douane, l’Autorité Portuaire ou les ressources nationales deviennent des biens marchands entre les mains d’intérêts particuliers.
Dans un environnement où les compromis douteux et la corruption se confondent souvent avec la normalité, certains au sein du CPT(même minoritaires) rappellent que gouverner, c’est avant tout résister. Résister à la tentation du gain rapide, à la privatisation déguisée de l’État, à l’effacement progressif de la souveraineté. Ces actes, parfois solitaires, témoignent d’une conception exigeante du service public où servir la République n’est pas un vain mot, ni une simple promesse, mais une responsabilité civique et patriotique. Voilà la mission que le Conseiller-Président Fritz Alphonse s’octroie depuis son arrivée au Conseil Présidentiel de Transition et c’est son crédo.
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