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Haïti : La grande parade des partis perdus

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Par : Mitchel Kewing ÉTIENNE


À Pétion-Ville, plus de deux cents partis politiques se sont réunis pour un programme de “renforcement de capacités”. Un théâtre de discours bien rodés, sur fond de République à bout de souffle.


On forme les partis. On informe la presse. On déforme la réalité. On transforme la misère en protocole. La douleur en bullet points. La faillite en séance photo. Pendant ce temps, le pays saigne encore — hors cadre, hors salle, hors micro. Hors de la justice sociale.


L’Ayisyen s’enlise dans une spirale de sang froid, sans loi ni boussole, pris sous le joug d’une impunité huilée à la corruption. Une embuscade politique, un guet-apens d’États maudits, semblables à des maisons hantées suspendues au-dessus des entrailles d’un peuple résigné, frappé en plein visage par le vent du tourment. Ici, les rues mutent en territoires zombifiés où l’Ayisyen d’hiver brûle plus que les damnés de l’enfer.


Face à cette géométrie du chaos, à ces équations de survie sans solution, sous la demande d'un CPT échoué indexant le CEP dans son alfò d'échec patent, cette zoboppe de partis politiques — empilés les uns sur les autres, sans idéologie, sans cap — que peuvent-ils encore extirper de toute cette boue ? Quelle étincelle pourraient-ils faire jaillir du ventre d’une Ayiti paupérisée jusqu’aux os, qu’ils n’ont cessé de précipiter dans l’abîme depuis des décennies ?


Les partis sont là, toujours présents, jamais agissants. Ils s’observent, s’imitent, se divisent, se multiplient — parasites politiques greffés à un peuple qui saigne, pendant qu’ils organisent conférences, formations, “renforcements de capacités”, comme si l’on pouvait sauver un pays avec des PowerPoints et des poignées de main en cravate.


Pourtant, le lancement du programme — partis pris, partis politiques — a solidement planté son emblème sur le sol chaotique haïtien. Ce samedi 1er novembre 2025, à Pétion-Ville, l’entrée fut majestueuse, presque théâtrale : près de deux cent vingt partis, une nation, deux cent vingt pertes de temps organisées, deux cent vingt hontes institutionnalisées, deux cent vingt ambitions sans cap, chaleureusement applaudies par des mains bien dressées et des discours réchauffés.


Y ont pris part les conseillers présidentiels Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire et Leslie Voltaire — noms lourds, silhouettes graves, regards figés, comme s’ils portaient à eux seuls le deuil de la République. Le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, lui aussi présent, droit comme un totem républicain, fier, digne, presque gracieux, troquait pour l’occasion son fauteuil de pouvoir contre la chaleur d’une salle pleine de promesses creuses et d’alliances improbables.


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Pendant ce temps, les routes s’effondrent. La jeunesse s’évapore. Les écoles fuient, et la Respublica tangue comme un radeau ivre. Mais les capacités, elles, sont assidûment renforcées — avec constance, avec foi, avec méthode.


Qui osera dire qu’on n’a rien fait ? On a tout fait, sauf l’essentiel. C’était un atelier. Un rituel. Une récitation. Des discours, des formules ressassées à l’infini : dialogue interprétatif, démocratie participative, inclusion citoyenne. Des mots qui brillent, certes, mais qui n’éclairent rien. Une spirale de vampires apprêtés pour le pouvoir, en costume, en vitrine, en illusion. Quelle prestigieuse parade !


On forme les partis. On informe la presse. On déforme la réalité. On transforme la misère en protocole. La douleur en bullet points. La faillite en séance photo. Pendant ce temps, le pays saigne encore — hors cadre, hors salle, hors micro. Hors de la justice sociale.



 
 
 

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