Et après Mélissa ?

Sous la pluie des promesses et dans la boue des décombres, l’État tente de montrer qu’il gouverne encore. Les partenaires humanitaires, eux, travaillent pendant qu’il délibère.

Les autorités haïtiennes s’agitent. Le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) applaudit. Le FAES distribue ses restes de stocks. Le ministère des Finances signe des chèques. Le pays compte ses morts. Petit-Goâve saigne.

On parle de contingence, d’urgence, de fonds à décaisser. Les mots rassurent, les gestes tardent. Pendant que les formulaires circulent entre Port-au-Prince et Genève, des familles dorment sous des toiles trouées.

Le directeur de la Protection civile parle d’un décret vétuste. Le conseiller présidentiel promet d’y jeter un œil. Toujours ces promesses administratives au chevet du désastre. Pendant ce temps, l’eau stagne, la peur grandit.

Sur le terrain, ce sont les partenaires internationaux qui tiennent la barque. L’OCHA dénombre plus de 13 900 déplacés, l’OMS soigne les blessés, l’UNICEF prépare des kits de survie, le PAM nourrit ceux qui n’ont plus rien. La solidarité étrangère supplée l’impuissance nationale.

Et alors que tout était prévisible. Les stocks existaient. Les plans aussi. Mais Haïti ne planifie pas : elle improvise, encore, toujours. Chaque cyclone rappelle l’évidence : ici, la catastrophe n’est jamais naturelle seule.

Les chiffres défilent — 23 morts, 17 blessés, 13 disparus — et plus encore, le cœur se serre. L’odeur du choléra plane déjà. L’État promet des réformes, des amendements, des budgets. Mais le peuple, lui, réclame simplement de l’eau, du toit, du soin, du respect.

Mélissa n’a pas seulement renversé des maisons. Elle a, une fois de plus, dévoilé l’état d’un pays qui survit dans l’assistance, qui espère dans le silence, et qui s’habitue à attendre.